dimanche 3 septembre 2006

Derrière la ligne de fond

Ce ne fut pas un dimanche comme les autres. Pas pour les amateurs de tennis.

Rien ne pouvait empêcher ces derniers de se positionner avec oeufs et bacon devant leur boîte à images dès 11h pour regarder ce qu'ils espéraient ne pas être le dernier match d'Andre Agassi. J'étais de ceux-là. Trois heures et quelques grimaces de douleur plus tard, nous avions notre réponse : c'était la fin. Pas celle que nous souhaitions. Nous aurions, bien entendu, espéré qu'il termine en pleine gloire plutôt qu'en pleine douleur ou qu'il se rende au moins jusqu'à Roddick. Mais tout s'est arrêté aujourd'hui. Parce qu'il le fallait sans doute.

Les journaux s'étendront sur plusieurs pages pour faire état de ses statistiques de star de la balle jaune. Inutile d'en faire état ici. Tout ce que je peux faire, c'est partager avec vous deux petits moments d'Agassi dans ma vie de fan de tennis.

Il fut un temps où le tennis faisait bien plus que faire partie de ma vie. Les murs de ma chambre n'avaient plus besoin de coups de pinceau. Les posters de joueurs et de joueuses tapissaient jusqu'au plafond son espace carré. Seles, Graf, Sabatini, Forget, Courier, Edberg, Becker, Navratilova, Capriati, Sampras, Chang et bien sur Agassi. C'était lui ou rien.

Je me rappelerai toujours une image d'Agassi. C'était dans un match de finale de tournoi du Grand Chelem (je n'ai plus souvenir duquel) et il venait de perdre une nouvelle fois. Il pose le genou à terre, penche la tête l'air de dire : "Merde, pas encore !! Comment vais-je un jour pouvoir réussir ?" C'était l'image d'un homme brisé. Celle d'un homme de qui on allait commencer à penser qu'il n'était qu'un perdant ou encore que le meilleur deuxième.

Il allait changer la donne on le sait et ça a commencé avec Wimbledon.

Cet été là, j'en étais à mon deuxième camp de tennis dans les Laurentides. Par miracle, il pleuvait ce matin-là. Impossible de jouer. Que restait-il à faire ? Regarder une finale où personne ne croyait vraiment en la victoire d'Agassi. Au retour du déjeuner, l'improbable semblait vouloir devenir réalité : une 5e manche allait être nécessaire pour départager Ivanisevic et Agassi. Je vais toujours me rappeler la tension qui regnait dans le grand salon où 70 jeunes de 11 à 16 ans mordus de tennis se rongeaient la raquette. À chaque point gagné par Agassi suivait un : AGASSIIIII !!! Chaque point gagné par Ivanisevic était suivi d'un silence et chacune des balles de service qu'Ivanisevic envoyait dans le filet était suivie d'une salve d'applaudissements.

Balle de match Agassi. YESSSSSSSSSSSSSSSSSS!!!!! Explosion de joie monstre. Visages en larmes et surtout le petit train humain de la victoire s'est mis en route dans toute la résidence. Inoubliable. Il venait de prouver qu'il n'y avait pas seulement une façon de gagner sur le gazon vert anglais. La pluie à l'extérieur avait cessé et nous pouvions aller faire, nous aussi, nos petits Agassi sur les courts. J'avais mes Nike jaune et noir. Je pouvais tous les battre.

Personne n'aura eu autant d'impact sur le tennis qu'Andre Agassi. Personne n'aura autant changé l'image de ce sport. Tant dans la façon de le jouer, que dans la façon de le gagner, que dans la façon d'y mettre ses trippes, que dans la façon de l'habiller.

Agassi est toujours resté un joueur que j'ai admiré et lorsqu'il a pris le micro après son match et affirmé que c'était en raison de la générosité et de la loyauté de ses fans qu'il avait pu accomplir ses exploits, je me sentais de ceux là.

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